Jean-Christophe Tiné, 37 ans, Juriste d'Affaires

Il est souvent reproché aux « grands » clubs de piller les ressources en joueurs des plus petits de la région. Cependant, quoi de plus naturel pour un joueur disposant d’un certain potentiel que d’aller tenter sa chance  dans la division supérieure ? Cette démarche personnelle est encore trop souvent perçue comme une véritable trahison, a fortiori si elle a été encouragée par le club de destination. Or, le départ de quelques personnes est encore trop souvent de nature à compromettre sévèrement la survie d’un club. On assiste alors à un phénomène de concentration, synonyme de progression pour le plus grand club mais aussi de « désertification » régionale.

Puisqu‘il ne serait pas raisonnable de s’opposer à de tels mouvements, je pense qu’il convient de poser les bases d’une collaboration durable, d’une solidarité responsable entre clubs. A nous de trouver des moyens juridiques efficaces pour inciter les grands clubs à s’impliquer dans le développement de ceux qui ne disposent par encore de structure, de ressources suffisantes : mise à disposition d’entraîneurs diplômés ou de terrain en contrepartie de prêts de joueurs, mutualisation des achats pour dégager des économies d’échelle, etc.

Allons même plus loin et mettons en place des solutions destinées à faire naître des clubs : Incitons les grands clubs à fonder des associations dans leur région (en concertation étroite avec les Comités Départementaux et les Ligues), qui constitueraient en quelque sorte et dans un premier temps des antennes locales. Outre la constitution de bassins naturels de joueurs (règles des prêts de joueurs, des ententes facilitées), ils pourraient par exemple y gagner une meilleure représentativité aux Assemblées Générales fédérales (prime de voix). A terme, et à l’issue d’une période de transition, les nouveaux clubs accèderaient à l’indépendance, tout en conservant des liens privilégiés avec le club fondateur. Il me semble qu’un tel dispositif pourrait être à l’avantage de tous.